Ces derniers mois, l’intelligence artificielle (IA) a fait une entrée fracassante dans nos vies, par le biais de ChatGPT, mais aussi de nombreux autres outils. Si cette technologie nous promet de nous faciliter la vie et de nous rendre bien des services, de nombreux spécialistes nous mettent en garde quant aux risques auxquels elle nous expose par ailleurs. C’est notamment le cas de Sam Altman, qui n’est ni plus ni moins que le créateur de ChatGPT, et qui estime que les outils utilisant l’IA peuvent devenir « potentiellement effrayants ». Geoffrey Hinton, ancien ingénieur Google et ponte de l’IA, va même plus loin ! Il regrette d’avoir créé une technologie « terrifiante » et met le grand public en garde face aux risques de l’intelligence artificielle. Voici un tour d’horizon des différentes menaces liées à leur développement.
La génération d’informations incorrectes
Une des principales préoccupations des utilisateurs de l’IA réside dans la fiabilité des informations créés par cette nouvelle technologie. Si on prend l’exemple de ChatGPT, l’outil conversationnel créé par OpenAI, la base de données qu’il exploite pour répondre à nos demandes ne prend pas en charge des données générées après 2021. L’outil ne dispose donc pas des capacités nécessaires pour répondre à une requête ayant trait à l’actualité récente, ce qui ne l’empêchera pas de nous présenter des affirmations avec un certain aplomb. Certains utilisateurs ont également relevé qu’il apportait parfois des réponses imprécises, voir inexactes, notamment quand il est question de sujets techniques.
Que l’on utilise ChatGPT, ou un autre outil utilisant l’intelligence artificielle, pour répondre à nos demandes, il est donc primordial de vérifier la véracité des réponses qu’il nous apporte. Il serait en effet préjudiciable que vous diffusiez à votre tour des informations erronées auprès de vos clients, ou de toute autre personne intéressée, ou que vous preniez des décisions stratégiques sur la base de données erronées.
Une menace pour de nombreux emplois
De tout temps, les progrès technologiques ont fait craindre aux populations que l’automatisation des processus qu’ils permettent conduise à la suppression d’emplois. Au cours des dernières décennies, on a d’ailleurs observé la fermeture de la plupart des usines industrielles dans les pays développés. L’explosion récente des capacités de l’IA vient renforcer ces craintes, quant aux perspectives d’avenir de nombreuses professions. En revanche, et contrairement aux avancées précédentes, ce ne sont pas seulement des emplois non qualifiés qui sont menacés par ChatGPT et consorts. Ainsi, des métiers tels que ceux de traducteur, de mathématicien ou d’analyste financier pourraient connaître un véritable chamboulement dans les prochaines années.
La banque américaine Goldman Sachs a récemment estimé que près d’un quart des travailleurs pourraient être menacés par ces nouvelles technologies aux Etats-Unis et en Europe. Dans le monde, le nombre d’emplois qui seraient en danger s’élèverait à 300 000. Si l’IA doit encore faire ses preuves pour remplacer autant de travailleurs humains, il est certain que les outils qui l’utilisent viendront bouleverser en profondeur la quasi-totalité des professions, tôt ou tard. Pour les humains, un des grands enjeux des prochaines années sera de savoir s’adapter à l’intelligence artificielle, pour pouvoir l’utiliser de manière efficace au travail, tout en gardant le contrôle sur ce qu’elle produit.
La crainte que l’IA puisse dépasser son créateur
Et si le principal danger de l’intelligence artificielle était qu’elle surpasse l’humain qui l’a créée ? Au cours de ces dernières semaines, de nombreux entrepreneurs exerçant dans le domaine des nouvelles technologies et des universitaires ont exprimé leurs craintes, quant à la possibilité que cette l’IA puisse devenir incontrôlable. Certains d’entre eux, y compris des personnes travaillant activement à son développement, ont même évoqué leur inquiétude quant au fait qu’elle pourrait devenir une réelle menace pour l’avenir de l’humanité.
Cette crainte réside dans le fait que l’IA est apprenante, c’est-à-dire qu’elle s’enrichit au fur et à mesure qu’elle traite nos données. Elle pourrait ainsi devenir rapidement plus intelligente que le cerveau humain, qui aurait alors bien du mal à la museler. Le fait que l’humain s’appuie trop sur l’IA, pour répondre à toutes les problématiques auxquelles il doit faire face, pourrait également le conduire à réduire sa capacité à penser et à réfléchir.
La diffusion de fake news à grande échelle
Outre ChatGPT, l’IA génératrice d’images Midjourney a beaucoup fait parler d’elles ces dernières semaines. Elle est capable de créer des images de toute pièce en répondant à toutes nos requêtes, même les plus saugrenues. On a ainsi pu voir le pape François porter un manteau de la marque Balenciaga, ou encore Donald Trump menotté. Il devient ainsi aisé pour toute personne souhaitant diffuser une fake news de créer des images appuyant ses propos. Les IA génératives de texte pourraient également servir à créer rapidement une multitude de contenus qui renforceraient la crédibilité d’une fausse information.
Cette possibilité de générer des fake news facilement, et de pouvoir les diffuser à grande échelle, fait craindre une fragilisation de nos démocraties. En effet, une personne ayant des objectifs insurrectionnels pourrait créer une information de toute pièce, et la diffuser avec l’objectif de susciter la rébellion du peuple. Par ailleurs, il convient d’avoir conscience que l’IA pourrait servir à des actions visant à décrédibiliser une personne ou une entreprise, en générant de faux avis sur Internet, par exemple.
Une nouvelle arme pour les criminels
Alors que les dangers de l’intelligence artificielle ne sont pour l’instant que peu encadrés légalement, les criminels pourraient profiter de ce flou juridique à des fins malveillantes. Par exemple, les autorités s’inquiètent de la création de contenus vidéos ou audios falsifiés, également appelés « deepfakes ». Ceux-ci pourraient notamment être utilisés pour usurper l’identité de quelqu’un d’autre. L’IA constituerait également une menace importante si des organisations terroristes parvenaient à la maîtriser, créant ainsi des robots tueurs ou des véhicules autonomes programmés pour s’élancer dans la foule. Ça fait froid dans le dos !
Les failles de l’IA pourraient également entraîner des fuites de données personnelles, facilitant leur collecte par des organisations plus ou moins bienveillantes. On peut imaginer qu’en collectant un maximum de données sur vous, les arnaqueurs pourront vous duper plus facilement. Vous pourriez également être victime de chantage, visant à vous faire payer une somme d’argent, en échange de la non-divulgation d’informations compromettantes vous concernant. Les possibilités d’usages criminels de l’intelligence artificielle semblent donc infinies, ce qui en fait une problématique que nos gouvernements doivent rapidement prendre à bras-le-corps.
Les dangers de l’intelligence artificielle sont donc variés et ne sont pas à négliger. L’humain va devoir apprendre à maîtriser cet outil, pour profiter au maximum des opportunités qu’il procure, tout en limitant les risques auxquels il l’expose. Les Etats vont être en première ligne, avec l’objectif de mettre en place des réglementations permettant d’encadrer l’IA et les menaces qu’elle crée en matière criminelle et en termes d’emploi.