Le patron de Twitter, Tesla, SpaceX et Neuralink veut emboiter le pas à OpenAI et DeepMind et concevoir sa propre solution en matière d’intelligence artificielle générative. Il s’est déjà entouré d’une équipe d’experts et d’ingénieurs pour avancer dans ce secteur en pleine croissance.
Elon Musk va concurrencer OpenAI et son ChatGPT
Elon Musk a fondé une toute nouvelle entreprise au mois de mars. Baptisée X.AI et spécialisée dans le domaine de l’IA (intelligence artificielle), cette start-up est implantée au Nevada. L’AFP (Agence France Presse) a pu prendre connaissance des spécificités de cette entreprise en consultant le registre des sociétés de cet État américain.
D’après le Financial Times, cette nouvelle entreprise va tenter de marcher sur les plates-bandes de la start-up californienne OpenAI, qui a créé l’agent conversationnel ChatGPT. Depuis son lancement à la fin de l’année 2022, ce programme capable de produire n’importe quel type de texte à la demande suscite de nombreuses convoitises et inspire bon nombre de géants du web comme Google (avec son chatbot IA Bard), Meta ou Microsoft.
L’entreprise créée par Elon Musk pourrait très bien se servir des données fournies par le réseau social Twitter pour concevoir son modèle de langage.
Avec X.AI, Elon Musk se lance ainsi à son tour dans la course à l’IA, face à des mastodontes comme Amazon, Google ou Microsoft (avec son nouveau moteur de recherche Bing dopé à l’intelligence artificielle), qui ont déjà commencé à avancer leurs pions pour concurrencer les startups comme OpenAI.
Une équipe d’experts IA et Data à sa disposition
Plusieurs médias spécialisés dans l’intelligence artificielle ont pu confirmer qu’Elon Musk investissait depuis quelque temps dans ce secteur d’activité. L’entrepreneur est en train de rassembler une équipe importante d’ingénieurs et de chercheurs spécialisés en intelligence artificielle. Il aurait d’ailleurs recruté Igor Babuschkin, ainsi que Manuel Kroiss, d’anciens collaborateurs de DeepMind (la filière IA d’Alphabet, qui n’est autre que la maison mère du géant Google).
Le milliardaire négocierait aussi en ce moment avec certains investisseurs des entreprises Tesla et SpaceX pour les pousser à soutenir X.AI. Elon Musk aurait par ailleurs fait l’acquisition d’environ 10 000 processeurs graphiques (GPU). Ceux-ci permettront aux équipes de travail d’entrainer les modèles de langage, afin de concevoir les systèmes d’intelligence artificielle générative.
D’après le document d’enregistrement de la société X.AI, la start-up n’aurait qu’un seul directeur : Elon Musk. Jared Birchall, quant à lui, exercerait la fonction de secrétaire. L’homme n’est pas vraiment un inconnu : ex-banquier de Morgan Stanley, c’est en effet lui qui se charge actuellement de gérer la fortune d’Elon Musk, d’après le Financial Times.
Un nouveau revirement pour le fondateur de Tesla
Avec la fondation de cette nouvelle société, Elon Musk effectue un revirement qui peut paraitre surprenant. En effet, le multimilliardaire avait signé en mars une lettre ouverte appelant à mettre en « pause » la recherche actuelle sur l’intelligence artificielle.
Signée par plusieurs centaines d’experts des technologies numériques, cette lettre demandait ainsi une pause de six mois dans ces recherches. Les signataires mettaient notamment en avant le risque que ces technologies puissent nous « dépasser en nombre » et « nous remplacer ».
TruthGPT : Elon Musk critique ouvertement ChatGPT
Elon Musk s’apprête donc à livrer bataille à OpenAI. Il avait pourtant cofondé cette dernière société en 2015, avant de finalement quitter son conseil d’administration trois années plus tard. Officiellement, il aurait quitté l’entreprise pour éviter un conflit d’intérêt avec la société Tesla. Mais d’autres raisons ont été avancées pour ce départ : des désaccords avec la direction d’OpenAI, principalement liés à la sécurité de l’IA.
Depuis son départ de la société, l’entrepreneur n’a eu de cesse de critiquer ouvertement OpenAI, jugeant qu’elle entrainait l’IA à devenir « woke » (mot qui désigne une partie de la gauche américaine) et « à mentir ». D’après le patron de Tesla, la politique de modération d’OpenAI représenterait « un danger mortel », causé par un manque de neutralité de l’outil.
Elon Musk avait également exprimé quelques reproches sur le fonctionnement d’OpenAI, notamment sa commercialisation et son manque de transparence. En mars dernier, il avait également twitté que l’IA était actuellement entre les mains d’une société « au monopole impitoyable ».
Le milliardaire a récemment accordé une interview à la chaîne Fox News, pour exprimer son désir de fonder TruthGPT, une IA qui serait ainsi destinée à chercher la vérité. Pour l’entrepreneur, cette recherche de vérité donnerait la possibilité à l’IA de se rendre compte que l’humanité est « positive » au sein de l’univers, et qu’il ne faut donc pas la détruire. Évidemment, il s’agit là encore d’une critique à peine masquée contre OpenAI et ChatGPT. Elon Musk est habitué à ce genre de sorties.
Le « X » : tout un symbole pour le patron de Twitter
La lettre « X » qui compose le nom de la nouvelle société d’Elon Musk n’a pas été choisie par hasard. Ce symbole mathématique est en effet régulièrement utilisé par l’entrepreneur pour le nom de ses entreprises, comme SpaceX ou X Corp (la société qui édite le réseau social Twitter).
Avec cette lettre « X », l’entrepreneur imagine aussi une application multifonction (réseau social, messagerie, services financiers, etc.), un peu comme ce que propose WeChat en Chine. La création de X.AI pourrait d’ailleurs constituer une étape décisive dans la création de son application multi-usage.
Elon Musk a également utilisé cette lettre pour le prénom de son enfant (X Æ A- 12).