« Bonjour, c’est Bing ! Je suis le nouveau mode de chat alimenté par l’intelligence artificielle de Microsoft Bing qui peut vous aider à obtenir rapidement des réponses résumées et de l’inspiration créative. » Le tout nouveau message du moteur de recherche de Microsoft s’adresse maintenant au grand public. Finie la file d’attente, le chat de Bing est accessible à tous. (le communiqué du 04 mai 2023 est visible sur le blog officiel du site Microsoft)
Populariser l’IA générative
Les bugs de Bing
Avant sa diffusion massive, le chat de Bing avait été raillé par la critique et les testeurs pour ses réponses approximatives, voire farfelues. Les utilisateurs ont mis en évidence ses comportements erratiques. Le chatbot, lors des tests en version Beta, avait manipulé, mentit, et même, insulté les internautes, ce qui avait créé émoi et amusement au sein des utilisateurs. À titre d’exemple, il s’est trompé sur la date de sortie du film Avatar et devant l’insistance de l’internaute, le chatbot l’avait traité de « déraisonnable et têtu » avant de lui lancer un ultimatum pour qu’il se taise.
Le nouveau chat de Bing intègre ChatGPT
Les principaux bugs sont aujourd’hui en passe d’être corrigés et le chatbot fondé sur l’intelligence artificielle GPT-4 est aujourd’hui opérationnel à grande échelle. « Nous lançons un tout nouveau moteur de recherche Bing et un navigateur Edge alimentés par l’IA », a annoncé Tusuf Mehdi, vice président de Microsoft.
Depuis son lancement en novembre 2022, ChatGPT pulvérise les records. C’est l’application qui a connu la croissance d’expansion la plus rapide. Elle compte plus de 100 millions d’utilisateurs actifs mensuels et plus de 13 millions de visiteurs uniques par jour, battant les précédents records d’Instagram et de Tiktok. L’assistant personnel développé par OpenAI peut s’intégrer à Instagram, Telegram et depuis quelques jours sur Bing. Microsoft a mis fin à la liste d’attente qui régulait l’accès au chatbot. Il est disponible pour le grand public.
Ce qui change avec le chatbot de Bing
Une utilisation très simple
La nouveauté est l’intégration du chat, de la navigation et de la recherche en une seule expérience. À partir d’une requête simple, l’interface de Microsoft Edge vous propose à présent un écran avec un onglet supplémentaire intitulé « conversation ». En cliquant dessus s’ouvre le chat qui vous propose une réponse construite.
A la requête traditionnelle « comment faire une tarte aux pommes ? » apparaissent les principaux sites, bien connus du public comme Marmiton ou cuisineactuelle. Si l’on clique ensuite sur « conversation », la recette s’écrit, en bon français, devant vous. Il ne reste plus qu’à cuisiner. Il convient de noter que Bing signale sur quels sites il a trouvé la recette.
Des configurations variées
Pour l’instant Bing IA propose trois modes de recherche : créatif, précis et équilibré. Le premier offre des réponses plus imaginatives, le second des réponses factuelles et le troisième et un mix entre les deux. Par défaut, c’est le mode équilibré qui fournit les réponses. Microsoft propose aussi des actions. L’internaute peut, par exemple, réserver un film ou un restaurant en direct, sans avoir à se rendre sur le site de l’entreprise. De même Bing met à disposition un générateur d’images avec Bing Image Creator. Cet outil permet à partir d’un texte de créer une image. Il sera rapidement intégré au chatbot.
Ce que peut faire le nouveau Bing
L’IA booste le traditionnel moteur de recherche de Bing qui peut maintenant:
- générer n’importe quel type de contenu (devoirs, articles, recherches universitaires, plans de communication, etc.)
- écrire des rapports, des notes, des emails
- résumer des rapports ou articles
- créer des itinéraires de vacances à la carte pour 2, 3 ou 10 jours
- « inventer » des jeux comme des quiz ou des QCM
L’IA en question
Un par un les moteurs de recherches intègrent l’IA pour faciliter la navigation et offrir de nouvelles perspectives aux internautes. Google Bard, You.com et maintenant Microsoft Bing, entre autres, ont adopté cette nouvelle technologie. Elle suscite des débats complexes. Le chercheur Geoffrey Hinton, l’un des pionniers de la recherche sur l’intelligence artificielle (IA) dit regretter son invention et alerte sur les dangers de la technologie.
La question de la propriété intellectuelle
A qui appartiennent les textes produits par le chatbot de Bing ? Génèrent-ils des droits d’auteur ? À l’inverse, Bing fournit des réponses en balayant un très grand nombre de textes. Qu’en est-il des droits d’auteur du contenu source? Ces questions ne sont pas tranchées.
Risque de fraudes massives
L’IA et le data mining sont largement utilisées pour détecter les fraudes, débusquer, par exemple, ceux tentent de se jouer du fisc. À l’inverse, l’évolution très (trop ?) rapide des chatbots munis d’IA, comme celui de Bing, risque d’alimenter des intentions malveillantes : phishing, fakenews en masse, copie de codes informatiques, etc.
Atteintes à la vie privée
Outre « l’emprunt » massif d’informations sans demander l’avis des créateurs, le chatbot Bing retient tout ce que vous lui dites. Il peut vous identifier et vous localiser sans difficulté violant ainsi allègrement les réglementations européennes sur la confidentialité.
Pertes d’emplois
Un chatbot peut répondre à n’importe quel moment à un client. Il peut suivre un dossier et pourquoi pas régler des litiges 24 heures sur 24. Dans un souci d’optimiser les coûts en personnel, de nombreuses taches seront désormais confiées à l’intelligence artificielle. Les plus pessimistes craignent des suppressions d’emploi en cascade.
Vers un encadrement législatif
À la pointe des législations contraignantes, l’Union européenne a fait connaître en 2021 son projet Artifical Intelligence Act dont l’objectif est d’encadrer l’IA pour qu’elle soit au service de l’humanité, c’est-à-dire éthique, durable et inclusive. En 2022, Chine et Etats-Unis ont également rendu publics des projets de lois pour encadrer l’IA.
Les risques que font courir les chatbots, dont le nouveau venu de Bing, sont compensés par les perspectives qu’ils offrent. Tout est plus facile et plus rapide. Ses promoteurs assurent que de nouveaux emplois vont naître, que les tâches répétitives réalisées par l’homme appartiennent au passé et que des réglementations adaptées vont contrecarrer les effets négatifs de l’IA.