L’écriture inclusive peut-elle trouver sa place sur un site optimisé SEO ?

Des textes plus égalitaires avec l'écriture inclusive : définition, règles et exemples

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont malheureusement présentes dans tous les domaines, et en particulier dans la grammaire et l’orthographe français. Nous nous souvenons tous de nos cours à l’école primaire où l’on nous répétait que « le masculin l’emporte sur le féminin » quand il s’agissait d’accorder des mots, des verbes. Où l’on nous expliquait que certains termes n’avaient aucun équivalent féminin, principalement des noms de métiers. Et pendant longtemps, ces règles d’écriture ont été appliquées sans être ouvertement contestées.

Il a fallu attendre les années 70 pour que des féministes s’emparent publiquement du sujet, puis le début des années 2000 pour que l’écriture inclusive ne soit plus un gros mot. En 2015, le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes a même défendu ce langage neutre, dégenré. Et 4 ans plus tard, en 2019, l’Académie française a (enfin) reconnu la validité des noms de métiers au féminin. Depuis, l’écriture inclusive a fait son apparition dans des ouvrages, scolaires par exemple, sur les réseaux sociaux et sur les sites Internet.

Son utilisation se démocratise progressivement mais, elle est de loin de plaire à tout le monde et fait aujourd’hui encore l’objet de nombreux débats. De même, son usage sur le web pose des questions qui nous intéressent : l’écriture inclusive est-elle compatible avec le référencement naturel (SEO) d’un site ? Peut-on l’adopter dans les contenus des pages d’un site ? Dans ses balises ? Et comment est-elle interprétée par les robots de Google ? Autant d’interrogations auxquelles nous allons essayer d’apporter des réponses. Il ne s’agit donc pas, dans cet article, de remettre en cause ce langage, mais de s’interroger sur ses conséquences sur le référencement naturel d’un site.

Une écriture dite « dégenrée » pour réduire les inégalités de sexe

L’objectif de l’écriture inclusive (ou égalitaire, ou langage neutre ou dégenré) est de diminuer les inégalités de genre dans la langue française écrite. Concrètement, il s’agit d’adopter des pratiques de rédaction qui permettent d’obtenir une neutralité de tous les mots qui, en principe, sont accordés au masculin ou au féminin.

=> Faire disparaître les stéréotypes sexistes en remaniant l’orthographe et la façon de s’exprimer.

Exemples de textes

  1. Les nombreux.ses Français.es
  2. Très fier.ère.s d’avoir publié le premier manuel scolaire
  3. Un.e agriculteur.rice : une personne dont le métier consiste à cultiver la terre
  4. À tou.te.s ceux.celles qui sont intéressé.e.s par l’écriture inclusive…

L’écriture inclusive peut donc prendre différentes formes dont :

  • la féminisation des noms de métiers (un auteur / une autrice, un pompier / une pompière par exemple) ;
  • la modification d’expressions courantes en utilisant des termes universels pour les rendre plus neutres (comme « droits humains » à la place de « droits de l’homme) ;
  • l’ajout d’un signe typographique – un point médian ou un tiret par exemple – en fin de mot (citoyen.ne ou candidat-e par exemple) ;
  • l’utilisation de mots ou groupes de mots non genrés – comme « les membres d’un groupe », « les personnes », « l’équipe » – au lieu de « femme » et « homme ».

Avec ce langage, la communication écrite est plus égalitaire et le genre féminin n’est plus invisibilisé, mais revalorisé. De même, cette manière d’écrire témoigne d’une vision moderne de la société. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été immédiatement adoptée par certaines marques. Des entreprises sont également passées à l’écriture inclusive pour séduire la nouvelle génération, recruter de jeunes talents et affirmer leurs valeurs. Mais il n’y a pas eu (encore ?) de révolution. L’utilisation du langage neutre n’est pas devenue la norme en France, et suscite des polémiques.

Un langage plus neutre loin de faire l’unanimité

A l’instar de bien des évolutions sociétales, l’écriture inclusive a été contestée. Certains lui reprochent de détruire la langue française, de la dénaturiser. D’autres estiment qu’elle est compliquée à adopter et rend plus difficile l’apprentissage de la langue française par les enfants. Pour d’autres encore, elle a des fins idéologiques.

Généralement, ce sont les formes utilisées pour écrire de manière inclusive qui sont problématiques (l’ajout d’un point à la fin d’un mot par exemple). En revanche, la féminisation des noms de métiers qui, jusqu’à récemment étaient uniquement masculins, a été mieux intégrée… même si elle n’a pas été adoptée unanimement.

Il a également pu être reproché à certaines marques d’avoir recours au langage inclusif uniquement pour valoriser et moderniser leur image. Et dans le digital, si son utilisation n’a pas été à l’origine de vives polémiques, elle a néanmoins entraîné quelques questions sur ses conséquences en SEO. Des questions légitimes quand on sait la place accordée par Google aux contenus web pour positionner un site dans les SERP, et aux mots-clés utilisés pour les optimiser.

Pourquoi et comment l’utiliser sur un site Internet ?

Pour une entreprise, une marque, le recours au langage neutre sur le web est un moyen d’afficher un message, des valeurs. Cela montre qu’elle s’engage en faveur de la parité, de l’abolition des discriminations entre les hommes et les femmes. En interne comme en externe, cela présente des avantages, notamment en termes d’image. Néanmoins, il y a aussi quelques inconvénients tant sur la lisibilité des contenus que sur leur compréhension par des logiciels.

Les avantages de ce langage pour le digital

Comme nous venons de l’indiquer, l’utilisation de l’écriture inclusive permet à une marque d’exprimer ses engagements, les valeurs qu’elle défend auprès de son audience. Cela lui donne une image positive, engagée et moderne, ce qui peut attirer les jeunes générations qui sont très sensibles à la question des inégalités entre les femmes et les hommes. Rédiger des contenus en langage neutre sur les réseaux sociaux par exemple, peut favoriser leur partage, l’engagement des internautes. A condition bien sûr que cela soit naturel et en adéquation avec les messages transmis par la marque. Sur un site web, ce peut être aussi un moyen de se démarquer de la concurrence.

Les problèmes soulevés par le recours à cette écriture sur le web

Sur Internet, ce langage pose des problèmes de lisibilité quand les points médians ou tirets sont nombreux. Cela peut créer de la confusion chez les internautes. Il faut également noter que l’écriture inclusive, quand elle recourt à des points, des tirets, n’est pas toujours bien comprise par les logiciels de synthèse vocale, de lecture à voix haute utilisés par les personnes en situation de handicap. Cela peut donc nuire à l’accessibilité des contenus. Quant à l’aspect technique des sites web, il faut faire attention à l’utilisation de ces points médians et tirets dans les adresses URL, car ils peuvent entraîner des problèmes de redirection.

Par conséquent, si le langage inclusif peut être utilisé pour rédiger des contenus sur un site Internet, il faut faire attention aux formes adoptées. Si la féminisation de certains mots et les termes neutres sont très bien compris par les internautes et les logiciels, ce n’est pas toujours le cas des signes topographiques. Et ce constat vaut pour le référencement naturel.

SEO et écriture inclusive, une union délicate ?

Pour afficher ses engagements et œuvrer à la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes, une marque peut être tentée de rédiger des contenus en écriture inclusive sur son site Internet. Cependant, si elle veut qu’il soit bien positionné dans les SERP, il faut travailler son référencement naturel et donc, tenir compte des algorithmes des moteurs de recherche (Google principalement).

En effet, ces algorithmes analysent les mots-clés présents dans des contenus pour les positionner dans les SERP. Or, la présence de signes typographiques en fin des mots rend difficile la lecture des contenus par ces algorithmes. Et plus ils sont nombreux, plus cette lecture est compliquée. Les points médians et tirets peuvent donc être mal interprétés et finalement, nuire au référencement naturel d’un site. D’autant qu’ils sont peu utilisés par les internautes lors de leurs recherches en ligne. Dès lors, les requêtes en langage neutre sont minoritaires et génèrent peu de trafic.

Bien sûr, la situation n’est pas figée et d’ici quelques années, ces requêtes augmenteront peut-être, obligeant ainsi les moteurs de recherche à en tenir compte. Mais à ce jour, ce n’est pas le cas. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’il faut abandonner l’écriture inclusive sur le web. En fait, c’est surtout le recours à des signes typographiques et à de nouveaux noms inconnus des algorithmes qui est problématique. D’autres formes de la langage inclusif sont en revanche mieux comprises par les moteurs de recherche.

Comment adopter un langage plus inclusif sur un site sans pénaliser son référencement ?

L’écriture inclusive est assez récente et ne fait pas partie des habitudes de la majorité des internautes. Son usage n’est pas très populaire, en particulier sur les moteurs de recherche. C’est pourquoi il vaut mieux éviter certaines formes d’écriture inclusive sur un site optimisé pour le SEO (les fameux signes typographiques par exemple), et privilégier celles qui sont bien comprises par les algorithmes. Il existe donc des bonnes pratiques à respecter pour rédiger des contenus avec un langage neutre sans nuire au référencement naturel.

Utiliser l’écriture inclusive dans le corps de texte

En SEO, le langage neutre doit être réservé au corps de texte. Ainsi, il faut le bannir des titres (H1, H2, H3 …etc.), de l’URL, de la balise title et de la meta description d’une page, qui sont des éléments déterminants pour le référencement naturel d’un site.

Privilégier des termes génériques

L’utilisation de termes génériques permet de concilier SEO et écriture inclusive, et de fluidifier la lecture (à la différence des signes typographiques qui la complexifient). Il faut donc favoriser le collectif. Par exemple : « clientèle » au lieu de « client » et « cliente », « le corps enseignant » à la place des « enseignants » et des « enseignantes », une « équipe » plutôt que « joueurs » et « joueuses ».

Opter pour des mots neutres épicènes

Les mots épicènes peuvent aussi être utilisés pour rédiger en langage neutre, sans pénaliser le référencement naturel. Et c’est une bonne nouvelle car ils sont assez nombreux dans la langue française. Citons par exemple « artiste », « internaute », « adepte », « collègue », « spécialiste », « élève », « enfant »…etc.

Limiter le recours aux signes typographiques

Dans le corps de texte, les points médians, tirets et autres caractères typographiques doivent être évités car ils ne sont pas bien interprétés par Google. Par exemple, il considère un point médian comme un espace. Donc quand on écrit « directeur.trice », il va seulement référencer le mot « directeur ».

Utiliser le féminin et le masculin

Pour écrire de manière inclusive, sans avoir un impact négatif sur le SEO, il est conseiller de doubler les mots quand on évoque le féminin et le masculin. Cela permet d’éviter la fameuse règle « le masculin l’emporte sur le féminin ». Exemples : « les citoyennes et les citoyens », « les habitants et les habitantes », « les aviateurs et les aviatrices », « les lycéennes et les lycéens » …etc.

Ces quelques bonnes pratiques nous prouvent qu’il est possible de lier écriture inclusive et référencement naturel. Elles ne nuisent pas à la lisibilité des contenus, ni à leur compréhension par les internautes et les algorithmes des moteurs de recherche. Finalement, le plus dur n’est pas de les utiliser, mais d’en faire un réflexe pour inscrire cette pratique d’écriture sur le long terme. Il faut se défaire de certaines habitudes que l’on a adoptées depuis l’enfance et cela prend du temps. Néanmoins, rien n’est impossible. Il suffit juste de s’y mettre !

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